Sa naissance fut une surprise.
D’une part, et comme dans la plupart des familles nobles, ses parents auraient bien voulu avoir un garçon – bien qu’ils en eussent déjà un – mais c’est une fille qu’ils eurent. Cependant, en voyant la petite bouille de Moira, la « déception » ressentie fut déjà de l’histoire ancienne.
Ils adoraient leur petite fille…Oui, Ailein et Duncan Mackintosh adoraient leur fille… Mais, malgré tout l’amour et toute l’affection qu’ils lui portaient, rien au monde ne pouvait les préparer à ce qui allait suivre.
Moira allait entre ses 12 et 14 mois. L’âge auquel les enfants, en règle générale, commencent à marcher plus ou moins correctement. Le couple Mackintosh était avec leurs enfants quand Moira avançait avec sa démarche maladroite de bébé.
« Moira…Mon trésor, ma fille, vient me voir ! »
Mais la petite ne vint pas. Pas tout de suite. Sur le coup, le couple croyait que leur fille commençait à faire un caprice. Ainsi donc, Duncan reprit, sur le même ton que son épouse : « ma princesse…Va retrouver ta mère, mon ange ! »
Là, l’enfant commença une petite démarche mal avisée. Elle tâtonna autour d’elle et commença à avancer vers ses parents… Et elle se prit une petite table de bois. Déséquilibrée, Moira tomba à terre et éclata en sanglot. Son frère se précipita vers elle et l’entreprit de la consoler. L’épouse suivi le même chemin que son aîné ainsi que le mari.
Que s’était-il passé ? Cette table était juste devant elle, elle aurait du pouvoir l’éviter. Puis, une hypothèse commença à éclore au sein de leur petite famille…Les deux époux se regardèrent et, constatant qu’ils avaient pensé à la même chose, Duncan ordonna à ce que leur guérisseur vienne pour examiner leur fille.
Bientôt, plus aucun doute ne fut permis. Duncan et Ailein étaient en face du chevet de leur fille tandis que cette dernière était manipulée de diverses manières par le guérisseur et ses assistantes. Il prit son pouls, regarda dans sa bouche, ses oreilles et…Enfin…Ses yeux. Il prit une bougie qu’il approcha fortement du visage de la petite Moira sous le regard de ses parents qui plissaient les yeux d’inquiétude. Ailein était sur le point de faire une crise d’angoisse tandis que le médecin se redressa, dans un soupir. Il demanda à la servante attitrée de la petite de rhabiller sa petite maîtresse et se dirigea, d’un pas à la fois lourd et hésitant, vers les parents de sa très jeune patiente.
« Alors ? Qu’est-ce qu’elle a ? »
Ça se voyait que le médecin ne savait pas par où commençait et qu’il hésitait. Finalement, après avoir repris sa respiration.
« Votre fille est aveugle Sir… »
Ailein Mackintosh papillonna des yeux avant de s’évanouir dans les bras de son époux.
Comment cela s’était-il produit ? Très vite, ils apprirent que la petite était aveugle de naissance. Ils ne l’avaient pas remarqué avant car Moira ne pouvait pas se déplacer seule…Ce ne fut que quand elle apprit la marche que la réalité les avait rattrapés. Ce ne fut pas le seul souvenir qui remonta… Ailein ignorait être enceinte à ce moment-là mais, huit mois avant la naissance de Moira, elle avait été victime d’un grave empoisonnement qui avait failli lui couter la vie et elle n’avait dû son salut qu’aux remèdes des guérisseurs. Pour eux, et c’est bien probable, l’empoisonnement et toutes les potions à base de plantes que sa mère avait dû prendre pour sauver sa propre vie avait rendu la petite Moira MacKintosh aveugle. Jamais elle ne pourrait voir la lumière du jour.
Ce drame failli détruire cette famille mais, heureusement, l’amour peut tout affronter. Ailein avait culpabilisé mais le soutient de Duncan et la présence de leur fils aîné ainsi que le fait que Moira avait besoin de sa famille réunie et soudée dans l’adversité leur permis, à tous, de tenir bon. « Contre son grès » Moira MacKintosh devint le ciment de leur famille.
En grandissant, Moira surprit tout le monde. Tous s’attendaient à ce qu’elle devienne une fille peureuse et dépendante préférant rester dans le carcan familial et ne sortant jamais de chez elle. Pourtant la jeune femme s’est prise de passion pour le grand air. Plusieurs fois, on dû lancer à ses trousses – et parfois même en pleine nuit – des gardes parce qu’elle avait échappé à la vigilance de ses serviteurs et de ses gardes du corps. Moira était devenue une grande amoureuse d’une nature qu’elle était incapable de voir. Pour certains paysans vivant sous le joug de cette branche des Mackintosh, Moira était une envoyée du seigneur et des forces de la nature. Elle apprécie aussi les longues balades à cheval. Plusieurs fois, elle a demandé à être prise en selle pour galoper à toutes allures dans les campagnes des Highlands.
Mais ça ne suffisait plus à la jeune femme qu’elle était devenue. Elle voulait s’affranchir de l’étiquette de fillette fragile qui lui était tombée dessus quand on avait annoncé sa cécité au grand monde. Elle veut partir découvrir le monde…Et, pourquoi pas, trouver l’amour en chemin.