CHAPITRE 1 : CORSETS ET TARTANS DECHIRES
Le corset et les jupons de la jeune lady du clan Leslie gisaient à quelques mètres de là. Ses cheveux longs s'étalant sur le torse du fier highlander qui lui avait ravi son coeur. Elle n'aurait jamais cru connaître le grand amour au vu de la condition des femmes pour qui l'amour n'est qu'une chose secondaire : le principal étant de donner naissance à des enfants robustes. Son père aurait sans doute accepté qu'elle se marie avec lui : il avait un nom bien connu dans les Highlands et elle l'aimait de tout son cœur. Une larme coula alors le long de sa joue car demain il ne sera plus là. Le devoir l'appelait aux côtés de ses compagnons combattant pour la liberté des écossais. Il pouvait mourir et elle n'en saurait rien. Elle s'abandonna ainsi à l'étreinte experte de son amant, déchirant son hymen en guise d'adieux.
<< - Tha ghoal agam ort >> lui murmura-t-il à l'oreille avant de la quitter.
Le coeur brisé, Mary perdit le goût de la vie restant parfois de longues heures à regarder la pluie frapper les carreaux de sa chambre ou tout simplement à guetter le martèlement des sabots. Elle espéra tout un mois qu'il reviendrait. Le silence était donc devenu un de ses nouveaux alliés et rien ne semblait pouvoir la sortir de cet état léthargique. Ses parents avaient fait mander de nombreux médecins qui ne pensaient qu'à la saigner sans pour autant trouver de solution à son étrange affliction. Puis, les nausées matinales vinrent s'emparer d'elle, révélant à sa famille son péché. Elle était enceinte d'un homme qui ne se marierait jamais avec elle.
Son père la frappa alors pour la première fois, marquant la peau délicate de la jeune femme de l'empreinte de sa main.
<< - Pauvre sotte ! Les Highlanders sont des sauvages et tu en a laissé un te souiller. Je ne te laisserai pas entacher la réputation de notre famille et tu ne me laisses pas le choix.Ton mariage sera conclu au plus vite, avec l'homme qui voudras bien de toi en connaissant ta propension au péché. >>
CHAPITRE N'2 : CUEILLE LA DOULEUR
Une vieille femme l'avait jaugé de son regard perçant avant de la faire allonger sur un lit miteux. De multiples instruments étaient disposés autour d'elle : des aiguilles chauffées à blanc, des objets à la forme phallique prononcée ... La peur lui nouait les entrailles tandis que la femme glissait sa main froide comme la mort entre ses jambes moites. Le sang coula à flot tandis que l'embryon jaillit entrainant Mary dans l'inconscience face à la beauté macabre du spectacle.
Son enfant n'était plus, mort au nom du devoir. Mary perdit une partie de son être dans cette manoeuvre. La jeune femme souriante avait été remplacée par une femme austère s'attachant avec force au carcan imposé par la société.
Quelques mois plus tard, la nouvelle de ses fiançailles avec John Douglas parvint à ses oreilles. Elle ignorait tout de lui hormis qu'il n'était qu'un bâtard. La honte l'accablait toute entière : une vie de malheur pour une nuit de bonheur.
CHAPITRE N'3 : DAME NOIRE ET DAME BLANCHE
Mary baissa les yeux à la vision de John entrant dans la chambre préparée à l'occasion de leurs noces. La chemise blanche révélait ses muscles puissants. C'était un homme charmant et attentionné qui n'avait cessé de quêter son approbation tout au long de la soirée. Il lui avait même demandé la permission pour lui enlever la jarretelle alors que c'était normalement un droit considéré comme acquis par le mari. Elle regarda sa main désormais parée d'une magnifique bague en onyx avec un rubis en son centre.
Il s'approcha d'elle, lui releva le menton avec douceur et dit :
<< - Mary, je ne vous forcerai à rien ce soir. Nous avons toute une vie pour nous connaître et nous apprécier. >>
<< - Je, je ne vous refuserai rien cher mari. Est-ce que mon père vous a parlé de ma particularité ? >> répondit-elle d'une voix tremblante.
<< - Ay ! Et ce n'est point important à mes yeux. Après tout pourquoi devrais-je exiger de vous quelque chose dont je ne peux me targuer de posséder ? Je vous demanderai juste de respecter les voeux que vous avez prononcé aujourd'hui. >>Elle soupira et s'allongea aux côtés de son mari. Ils ne firent que parler pendant toute la nuit finissant par succomber au sommeil au petit matin. Le lendemain, les cernes visibles sur les visages des mariés fit naître des commentaires grivois de la part des plus proches amis de son mari. Chose étonnante, Mary prenait plaisir à s'intégrer parmi le clan Douglas. Ici, personne ne la connaissait et ne pouvait donc la juger.
Son mari, la fit prendre part à la gestion du petit patelin de terre dont il avait la responsabilité au nom du laird qui n'est personne d'autre que son demi-frère. Elle participait ainsi à la collection des impôts sur leur demeure tandis que John parcourait les terres du clan pour le laird. Elle avait toujours un mot doux pour les personnes qui se présentaient devant elle. Mais, Mary a une face cachée, autrement plus sombre que sa participation à la vie politique du Clan.
Un jour, une femme au visage hagard et à la robe déchirée et pleine de boue toqua à la demeure du laird et de sa femme. Son mari n'avait pas pu payer la somme que les anglais lui réclamait et ceux-ci exigèrent donc un payement en nature. La jeune femme avait été violée et portait l'enfant d'un de ses violeurs. Elle criait à l'aide, une aide que personne ne pouvait lui accorder sauf peut-être Mary. Mary alors âgée de 22 ans, lui demanda si elle voulait garder son enfant. La réponse fut "non" et Mary lui proposa alors d'avorter. Elle fit cela avec douceur en préparant des décotions abortives et calmantes. Elle n'utilisa que très peu sa force physique sur la pauvre femme. Sa renommée se fit au fur et à mesure des années et est désormais connue sous le nom de la Dame Noire. Toutefois, elle constate de plus en plus un phénomène qui la dérange fortement : les anglais pensent pouvoir abuser impunément des femmes écossaises.
CHAPITRE N'4 : DES ÊTRES POUR QUI MOURIR
La première année de son mariage, elle donna naissance à une magnifique petite fille : Agnès. Mary était fière de sa fille mais n'en reste pas moins exigeante avec sa première née. En effet, elle n'a cesse de craindre qu'elle suive sa voie. Elle voit bien que sa fille a hérité de son caractère passé même si elle ne peut se résoudre à lui dire la vérité. Le péché semble être le propre des femmes depuis que Eve leur mère à toutes, a croqué dans la pomme. Puis, elle donna la vie à deux garçons pour le plus grand plaisir de son mari. Elle est prête à tout pour ses enfants et ne reculera donc devant rien pour eux. Elle se bat principalement avec les mots mais pourrait sans doute être capable de recourir aux poisons si le besoin s'en fait ressentir.
<< - John, Agnès ne peut pas épouser un anglais. Je t'en supplie, cela la détruirait et l'éloignerait fortement de nous. Tout ça pourquoi ? Pour gagner un peu plus l'amitié des anglais qui font déjà tout ce qui veulent sur nos terres ? Non, on gagnerait plus à renforcer nos liens avec les clans des lowlands. >>Mary gagna cette bataille contre son mari : Agnès fut finalement fiancée à un Bruce. Cette réjouissance fut cependant de courte durée car le fiancé de celle-ci décéda peu de temps après.
Lui faudra-t-il mener de nouvelles batailles ? Seul l'avenir le dira !