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a décision était prise, il me fallait sauver mon mariage et au delà de cela je voulais être en accord avec la bible et les commandements de Dieu. Pour cela, Edwin devait sortir de ma vie, disparaître pour me permettre de revenir sur le droit chemin. Je me connaissais assez bien pour savoir que s’il restait dans les parages, jamais je ne parviendrais à rester fidèle à Janet, il est une tentation absolu et j’étais un être faible. Edwin Wemyss devait sortir de ma vie, même si l’idée même de le rejeter me brisait le cœur. Je n’ai jamais accepté, ni avoué une évidence assez simple, j’en étais tombé amoureux, nos entrevues m’étaient devenues indispensables. Mais Janet était de ces rares femmes qui méritaient qu’on leur soit entier et fidèle. Belle, très intelligente et surtout combative. Ce n’est pas la peur qu’elle me dénonce qui me faisait renoncer à cet amour. Ce n’est pas par peur tout court en fait, c’est pour l’honneur et pour le fils que je vais avoir et les enfants qu’elle me donnera dans le futur. Pour cela je devais renoncer à ma perversion et alors peut-être, je dis bien peut-être lorsque je trépasserais je pourrais atteindre le paradis.
Je faisais les cents pas sur la colline, là ou j’avais donné rendez-vous à mon ancien amant, car désormais c’est ce qu’il est. Janet n’était point au courant, elle m’avait demandé de ne plus le voir, certes mais mettre fin à une relation aussi intense et longue par lettre, ce n’est pas correcte et comme je le disais, j’ai trop d’honneur pour cela. Je ne fais rien de mal d’ailleurs je vais juste discuter. De plus , à mon avis la discussion ne durera pas très longtemps vu ce que j’ai à dire, à la rigueur il risque de me mettre son poing dans la figure mais d’ici une heure, je suppose que je serais de retour sur le domaine.
Je n’avais jamais rompu que ce soit avec un homme ou bien une femme, pour les femmes c’était facile, à part Janet je n’ai connu que des filles de joie, il n’y avait donc jamais de relations à proprement dit. Avec les hommes, je n’en ai connu qu’un seul avant Edwin et cela fait dix ans bientôt que je n’ai plus de ses nouvelles. Jeremiah est parti pour ne pas revenir mais nous n’avons jamais rompu de façon officielle. Le temps à simplement fait son œuvre. Donc me voilà face à une situation inédite.
Je me retournai en entendant les sabots d’un cheval et je ne pus réprimer un sourire en le voyant. Depuis ma maladie c’était la première fois que je quittais le domaine, j’étais venu à pied. Il semble que je doive faire de l’exercice selon ma sœur.
« Te voilà, je suis contant ! » Affirmais-je sans pour autant l’étreindre comme j’aurais pu le faire. Non je ne devais pas tomber dans ce genre de piège. C’était terminé.
« J’ai à te parler … » Continuais-je d’une voix grave qui n’annonçait rien de bon, j’avais l’art de maintenir le suspens, ce n’était pas volontaire, à vrai dire je prenais le temps de chercher mes mots.
« Il me faut te demander Edwin de… ne plus revenir ici. »Lâchais-je alors comme une bombe gardant le dos droit et les pieds plantés dans le sol attendant la tempête car le connaissant il ne prendra pas bien la chose et il n’étais pas du genre à intérioriser. Très honnêtement je serais blessé si cela ne le touchait pas car en disant ces mots j’avais l’impression que mon cœur se brisait dans ma poitrine.