Nemo me impune lacessit ¤ Frances Mackenzie

Des éclats de rires et des bruits de métal s’entrechoquant retentirent dans la cour du château familial du Clan Mackenzie situé au Nord des Highlands. Tandis que certains s’entraînaient et jouaient dehors, une petite fille de sept ans soupira pour la énième fois en jetant un coup d’œil par la fenêtre de la salle d’études.

« Frances, je t’ennuie ? »

« Chan eil, Màthair. Gabh mo leisgeul. »

« En Français, s’il-te-plaît. »

« Non, Mère. Excusez-moi… »

Frances venait de reprendre en français, langue qu’elles étaient entrain d’étudier. En tant qu’épouse de Laird, la mère de Frances tenait à que leur fille soit correctement instruite. Pas autant que leurs fils, mais Frances avait montré très tôt une facilité pour les langues. Depuis, sa mère, avec parfois l’aide d’un précepteur, lui donnait des leçons et, elle en était certaine, bientôt sa fille parlerait couramment six langues : le gaélique écossais, l’anglais, le latin, le français, l’allemand et l’espagnol. Mais ce matin, l’adorable chardon n’était point concentré. Entendre ses frères se divertir dehors n’aidait pas. Sachant pertinemment qu’elle ne tirerait plus rien de son unique fille aujourd’hui, elle la libéra.

« On n’en a terminé pour aujourd’hui. Va les rejoindre. »

« Tapadh leibh ! »

Enchantée, Frances couru rejoindre ses frères : l’aîné, Kenneth, suivis de Ronald et de leur petit frère Nicholas qui avait tout juste trois ans de moins qu’elle. Les deux grands s’affrontaient à l’épée alors que Nicholas les encourageait en s’agitant autour d’eux. Il était encore trop jeune pour se joindre à eux. Elle-même aurait adoré apprendre à manier l’épée. Son père le lui avait toujours refusé. Par contre, il lui avait accordé le droit d’apprendre l’art du poignard et du tir à l’arc; activités extérieures qu’elle appréciait et pour lesquelles elle serait douée en grandissant (le tir à l’arc surtout). Frances savait se montrer patiente, mais ce n’était pas le cas de Nicholas. Ils découvrirent tous ce jour-là, à quel point Nicholas était et serait toujours un vrai casse-cou !


Frances avait beau être une personne passionnée, très entêtée et au fort caractère, ce n’était rien comparé à Nicholas. Fougueux, inconscient du danger, son petit frère était le plus aventureux, passionné, mais aussi maladroit de toute la famille. Et pour la deuxième fois de la semaine, il venait frapper à la porte de la chambre de sa sœur avec le bras ensanglanté.

« Je te vois venir. Ce n’est rien de grave, je t’assure. Juste une mauvaise chute d’un arbre sur un rocher un peu trop coupant, ahah. »

« Bon sang, Nicholas ! Tu vas finir en morceaux à ce rythme-là. »

Elle rouspétait, comme toujours, mais à chaque fois elle le faisait entrer et refermait bien vite la porte derrière eux. Depuis les premières blessures de Nicholas quand ils étaient petits, Frances avait commencé à s’instruire à la guérison. Ça leur était utile presque tous les jours et ça leur avait évité de quérir une guérisseuse à chaque fois que le benjamin se blessait. Elle n’était pas particulièrement attirée par la guérison, elle le faisait juste pour Nicholas, mais au fil de cet apprentissage, Frances découvrit une nouvelle passion liée de très près à la guérison : les poisons. Ces derniers, ainsi que certains antidotes, l’intéressaient grandement. Elle ne pouvait se l’expliquer. C’était ainsi et si on venait à l’apprendre, on prendrait peur ou penserait bien vite à Frances comme une possible bonne espionne. Enfin, si on ne prenait pas en compte son fort caractère et son franc parler... Pour le moment, seul Nicholas était au courant. Il gardait le secret comme il lui avait promis. Ce secret ne semblait pas lui faire peur. D'ailleurs, il lui répétait souvent que ça serait pratique le jour où il y aurait un empoisonnement dans la famille. C’était un atout comme un autre.

« Aieuh ! Frances, je t’ai connu plus douce. »

« Ça t’apprendra ! Monter aux arbres vraiment... Qu’est-ce que tu faisais là-haut d’ailleurs ? Si père te voyait… »

« Il n’est plus là. Puis, je suis sûr qu’il aurait approuvé. C’était pour la bonne cause. J’ai vu Kenneth discuter avec des Tuniques Rouges. Il compte les inviter ici. Chez nous ! Tu te rends compte ?! »

Frances s’arrêta de nettoyer la plaie comme si elle avait besoin de temps pour assimiler ces informations. Ses doigts se crispèrent, signe qu’elle désapprouvait également les décisions de leur frère aîné. Cependant, elle n’était pas non plus d’accord avec les agissements de Nicholas. Elle reprit son soin tout en prenant la parole.

« Nicholas… Tu sais que je suis d’accord avec toi, mais tu dois cesser de surveiller de la sorte Kenneth. C’est notre Laird. De son vivant Père n’aurait pas approuvé un tel comportement à son égard même s’il aurait été de notre avis au sujet des Anglais. Tu aurais été sévèrement puni. Je ne veux pas que ça t’arrive. Et puis je trouve que tu te punis déjà assez avec toutes ces blessures. »

Leur discussion dura encore de longues minutes, le temps de bien soigner la blessure de Nicholas et de la laisser se reposer. Frances ne pouvait alors imaginer le déferlement de disputes qu’elle venait d’enclencher en conseillant Nicholas d’affronter et de discuter franchement avec leur frère. Encore moins que ça le mènerait à sa perte…


Les premiers jours du printemps sont souvent heureux et annonciateur de bonnes nouvelles; pas en cette année 1741 pour le Clan Mackenzie qui venait de perdre l’un des leurs. A la rosée du matin, le corps du jeune Nicholas Mackenzie, âgé de 15 ans, fut retrouvé mort, noyé dans le lac s’écoulant près du château familial paraît-il. Une mort bien mystérieuse pour tous et que Frances ne comprend toujours pas. Il était vrai que leur petit frère se blessait tout le temps, qu’il était maladroit et qu’il se mettait souvent dans de beaux draps, mais il connaissait les lieux par cœur depuis leur enfance et il savait nager. C’était-il fait surprendre par le brouillard de l’aube ? Frances pense qu’elle n’obtiendra jamais la réponse, ce qui l’afflige. Elle était très proche de son petit frère.

Depuis le décès de Nicholas, la famille compte encore plus pour elle. C’est sacré. C’est une des choses les plus importantes dans la vie. Frances ignore juste –et ne peut le concevoir n’y même le songer pour l’instant- que Kenneth est la cause de la disparition de Nicholas. Le jour où elle l’apprendra, une bonne partie de son monde s’écroulera, mais il ne s’écroulera pas seul. Il ne faut pas croire. Les apparences sont trompeuses. Tout le monde pense que la belle lady est incapable de tuer puisqu’elle ne supporte pas la chasse et n’arrive même pas à tuer un animal. Elle est guérisseuse en plus. Même elle le pense. Et pourtant ! Ce blocage, cet attendrissement qu’elle a envers un animal disparaîtra complètement le jour où elle devra blesser ou tuer un être humain, surtout si c’est pour protéger un être cher, venger l’un d’entre eux ou peut-être même pour se battre pour la bonne cause… Si Frances ne cache pas son appartenance à la cause jacobite, elle dissimule bel et bien un secret qui pourrait en détruire plus d’un.

Ton perso swing du poney France j'espère avoir un lien avec toi avec mes deux perso ^^'

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